Témoignage de vie de notre jubilaire Sr Marie-Suzanne

Jubilé de platine à l’abbaye de Chantelle

Un jubilé de profession monastique (anniversaire des premiers vœux), cela se fête-t-il ? Le jubilé d’argent, 25 ans ? Oui. Le jubilé d’or, 50 ans ? Certes. Mais celui de 70 ans ? Pas forcément ! Cependant, il commence une dernière étape après un long cheminement, même si en réalité il paraît très court, c’est un arrêt pour regarder en arrière avant de poursuivre la marche en avant. On s’aperçoit que malgré les méandres, l’orientation de cette voie reste le même.

Ce que nous appelons notre « vocation », n’est-ce pas le dessein de Dieu, et l’unité que nous décelons alors dans notre trajectoire n’est-elle pas due à la grâce de Dieu qui progressivement, patiemment, fait son œuvre ? C’est mystérieux une vocation, si personnelle, ce pour quoi Dieu nous a créés, voulus. Au bout de tant de temps, je vois les signes du désir de Dieu sur moi, qui se sont échelonnés depuis le commencement. Manque d’attention ou de réceptivité !

Pendant toute ma jeunesse jusqu’au milieu de la guerre, mon idéal était intangible, constant : fonder un foyer et avoir des enfants. Mais la violence des discussions durant ma classe de philosophie dans un lycée parisien, me causa un grand choc, d’où il résulta une telle souffrance de ne pouvoir défendre ma foi par les arguments rationnels qui étaient exigés de moi, que je résolus, car cela me paraissait une question vitale, de partir à la recherche de Dieu. Je le trouvais, Il m’attendait, je le découvris dans la joie et l’émerveillement, je l’aimais, je compris cette fois, (peut-être l’avait-il murmuré avant) son appel et je résolus de le suivre, à la stupéfaction générale. Tous me prédisaient mon retour avant une semaine. Je savais trouver en Lui la joie et je l’ai trouvée, la force de surmonter les difficultés et Il était là. Je n’ai pas le sentiment d’avoir été « fidèle ». C’est Lui qui l’est.

Dans la joie et l’action de grâce, j’ai renouvelé mes vœux, ce mardi de Pâques, dans notre église abbatiale, là où je les ai prononcés. J’ai eu l’heureuse surprise de voir le Père Léopold concélébrer avec le Père Grincourt et d’apercevoir tant de visages amis et bien connus dans la nef. Merci, car j’ai été comblée.

Sœur Marie-Suzanne – abbaye de Chantelle